Les
errances tragi-comiques de Miki et Sapo, anti-héros désoeuvrés dans les
bas-fonds d'un désert urbain criant de vérité. Sous le burlesque pathétique
des rencontres dans une Barcelone bien loin des clichés, se dessinent les
attentes d'une génération abandonnée entre révolte et capitulation. LA
NOUVELLE VOIX DE LA LITÉRATURE CATALANE K.
«La liberté n'existe pas. La vie ne t'offre que deux options : te fondre
dans le troupeau ou mourir.» Voilà la maxime qui te traverse l'esprit
quand tu as le couteau sous la gorge. On te prédit que tu ne tarderas pas
à tomber, mais tu es né pour vivre dangereusement. «Te fondre dans le
troupeau ou mourir...» Faire ses devoirs, finir ses études, chercher un
travail décent... Ou vaut-il mieux vendre des cachets, conduire comme un
malade et compter sur le petit numéro débile du «ketchup» ? Où est
ton avenir ? Avec quelles cartes joues-tu ? Sur quel os risques-tu de
tomber ? Ignorance et frustration, ou révolte sans cause ? Tu as deux
options. Seulement deux. Le professeur a dit. Assez! Je suis fatigué. Pas seulement de toi, Miguel! De vous tous! Vous m'empoisonnez la vie et je ne vous suporte plus. Vous voyez, je peux tolérer bien des choses. Je peux avoir toute la patince du monde. Je peux vous expliquer les choses deux, trois et mille fois. Finalement, je peux passer l'année entière sans aller plus loin que la première leçon, si j'arrive grâce à ça à vous faire entrer quelque chose dans la tête. Le malheur, c'est que vous vous en tamponnez. Vous voulez être des ignorants. Alors très bien, en avant! Pour moi, vous pouvez rester des analphabètes fonctionnels toute votre vie. Le gourou a dit. Qu'est-ce que la drogue? Voilà la grande question. Qu'est-ce que tu crois que c'est, réellement? Tu le sais? Je vais te le dire, petit Miguel. La drogue est quelque chose qui permet de se trouver soi-même, de découvrir les limites de la vie et d'atteindre les racines les plus profondes. L'union avec Dieu. La quatrième dimension. Le tout. Il y a une drogue pour chaque homme et un homme pour chaque drogue. Il y a aussi une dose d'autodestruction dans chaque drogue, et en chaque homme. Vous, ce sont les effets rapides qui vous intéressent. Â votre âge, vous avez besoin de résultats immédiats. Moi, en revanche, je préfère les substances qui me détendent et intensifient mes perceptions. 1.
-Maintenant.
Ketchup ou la misère éducative du monde
Les impertinentes éditions Au diable vauvert
ont eu la bonne idée de s’intéresser à la littérature catalane
montante en publiant en français le second roman du barcelonais Xavier
Gual. Avec “Ketchup”, ce journaliste et scénariste, par ailleurs
diplômé de philologie catalane, nous livre un roman de la misère éducative
agravée par un environnement urbain sans âme, entre centre commercial
et discothèque. Roman théâtral mettant en scène une jeunesse défavorisée
en proie à tous les extrêmismes engendrés par une société de
consommation dévorante.
Les faits : le parcours de Miki, fraîchement majeur, dont la préoccupation première est d’amasser assez d’argent pour se payer la voiture de la frime en total tuning. Et fissa si possible autrement dit , en dealant. Il est entouré de Sapo, son meilleur pote qui flirte avec des “esquinèdes” et de son insupportable petite amie Sandra accompagnée de son insupportable copine Lorena. L’objet de la survie indispensable : le portable, avec des dialogues au rendu aussi vivant qu’épuisant, façon “L’esquive”. L’éditeur présente ce roman tragi-comique comme le “Trainspotting catalan” mais l’action pourrait se dérouler dans n’importe quelle autre grande ville que Barcelone, mondialisation oblige. Ce que suggère d’entrée de jeu la
couverture, une boule à neige “souvenir” représentant la Sagrada
Familia, symbole du tourisme de masse, sur laquelle dégouline du
ketchup, symbole de l’américanisation de masse, ne vous en dira pas
plus sur la ville de Barcelone elle-même. Comme si face à cette
standardisation subie, le goût et l’authencité des choses sombraient
dans un anonymat transposable en tous lieux. D’où la manière originale dont il a structuré son roman : deux parties égales, Le Gagnant puis le Perdant, à l’intérieur desquelles chaque chapitre déroulant l’action est introduit par un paragraphe en “voix off”, et suivi par un monologue mettant en scène une voix symbolique clé : se succèdent ainsi entre autres, selon la formule de “Jacques a dit”, les paroles du professeur, du gourou, du skinhead, de la star du porno, du jeu vidéo, de la mère, du flic, de l’étudiant… Le nom complet de Miki est Miguel Hernandez, un patronyme très répandu en Espagne mais aussi un clin d’oeil au poète (dont il cite quelques vers en ouverture), fils de gardien de mouton, qui a dû abandonner l’école pour aider son père et qui a suivi des études littéraires en autodidacte alors que Miki vit en ville et a lâché ses études pour rien ni personne. Enfin, le ketchup chez Xavier Gual est peut-être
cette sauce uniformisant toutes les saveurs mais c’est aussi le
sachet que Miki garde dans sa poche pour deux raisons fort inattendues
que je vous laisse découvrir par vous-même. Ce livre est “Pour les gens qui
connaissent leur ignorance”. Xavier Gual est un auteur malicieux qui maîtrise son histoire du début à la fin et qui arrive par cette tragi-comédie à signer un roman social engagé aussi drôle que pathétique. C’est ce qui donne tout son sel à ce roman que je conseille aux ados comme aux adultes. WWW.CULTUREFLOG.NET
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SUR
UN AIR DE WELSH
// Auteur
catalan jeune et branché, Xavier
Gual propose pour cette rentrée
littéraire son deuxième roman, Ketchup.
Façon Irvine
Welsh, il y raconte les
tribulations de deux petites frappes vouées à une vie minable, qui
ont cependant décidés de s'enrichir...
Fort
d'une mission dont la lettre de commande refuse obstinément de
s'autodétruire, je vais tenter de venir à bout - sans me blesser
cette fois - de la critique d'un livre intitulé Ketchup.
Il est signé d'un jeune auteur Catalan, Xavier
Gual. Né en 1973, celui-ci publie son second roman aux éditions
du Diable Vauvert. Or, comme chacun le sait, le Diable Vauvert
publie des auteurs que j'apprécie. C'est comme ça. On n'y peut
rien. « Et ce livre ? » me demanderez-vous sur un ton agacé MAIS
toujours poli (et vous faites bien, croyez-moi). Eh bien rassurez-vous,
je vais y venir, ne soyez donc pas si impatients.
Un autre monde//. Première question, pourquoi ce titre ? Tout simplement parce que le Ketchup est un « produit artificiel et manufacturé qui, en plus d'être le symbole d'une domination du mode de vie américain, est une sauce qui dénature la nourriture et donne à tous les aliments un goût identique." Nous voilà prévenus, l'auteur a le palais altermondialiste. L'histoire en quelques mots : Ketchup raconte l'histoire de Miki et Sapo, deux petites frappes qui s'amusent à terroriser les junkies et autres dealers en compagnie d'une bande de skinheads (altermondialiste ou nationaliste... ça se gâte tout à coup, je ne sais pas si je vais continuer cette chronique du coup). Né dans une banlieue sordide, Miki pense que « La vie n'offre que deux options : se fondre dans la masse ou mourir... ». Voulant échapper à un destin de merde pourri, il décide de quitter le chemin tout tracé qui devait le mener de l'école au cimetière, en passant par la case travail et, pour ce faire, de s'acheter une voiture. Seul problème, il lui faut de l'argent et il n'en a pas. Il ne lui reste donc qu'à recourir au trafic de drogue ou à devenir star du porno s'il en a les moyens... "Miki, comme il préférait se faire appeler, était convaincu que les choses n'allaient pas si mal et que l'avenir lui sourirait. À dix-huit ans passés, avec son allure dégingandée et son crâne rasé, il avait deux buts dans l'existence : être le roi du quartier et conduire une voiture mortelle. Des motivations peut-être idiotes en apparence, mais elles représentaient pour lui les symboles de la réussite personnelle et les clés de voûte d'une façon d'être." Droit dans le mur//. Sous ses faux-airs de Trainspotting mâtiné de Porno (également publié au Diable Vauvert en ce qui concerne ce dernier), Ketchup est un roman brutal, sans concession, mis à part celle qui consiste à voir de l'espoir là où il n'y en a pas. Enchaînant plusieurs points de vue (dont certains nauséabonds), l'auteur s'amuse à décrire le quotidien de deux êtres abjects jusque dans l'absurde. Violents, vulgaires, machos et frustrés, ils possèdent toutes les tares (même celle de s'habiller en survêtement !). Un
bémol toutefois, le côté « description clinique », présent dans
les passages mettant en scène ces deux bras-cassés, a tendance à
casser le rythme de la lecture (surtout lorsqu'il s'insinue au cœur même
des dialogues). Mais l'auteur est aussi scénariste, nous apprend-on
en quatrième de couverture, ceci expliquant sans doute cela. Quoi
qu'il en soit, Ketchup est un roman rude, qui prend le
lecteur par la main et le conduit là où s'en vont s'écraser ses
deux héros, à savoir, droit dans le mur. JP
Favard
ROLLING
STONE (septembre 2008)
Ketchup
Depuis quelques années déjà, Xavier Gual anime la scène littéraire espagnole. Avec son deuxième roman, Ketchup, traduit en français aux éditions du diable vauvert, vous allez découvrir un auteur détonnant qui ne devrait pas tarder à faire parler de lui en France. Ketchup raconte l’histoire de Miguel Hernàndez dit « Miki » et de son acolyte Sapo. Nés dans une banlieue sordide de Barcelone, les deux jeunes s’occupent en traînant sur la place, au bar ou en jouant aux jeux vidéos. Quand il est d’humeur, Miki emmène Sandra, sa petite amie au cinéma ou en boîte de nuit. Quant à Sapo, il fréquente une bande de skinheads aux tendances nazies qui s’amusent en cognant des drogués, des homosexuels ou encore des travestis. Bienvenue dans le monde désenchanté de Miki et de Sapo ! Vous l’aurez compris, ces deux jeunes ados sont loin d’être des élèves brillants et studieux. À quoi bon aller à l’école puisque ça ne sert à rien et l’on y apprend pas grand chose. Miki s’est donc fait virer. Il a des préoccupations beaucoup plus importantes comme devenir le roi du quartier ou s’acheter une voiture. Toutefois, sans argent pas de voiture! Miki trouve donc un moyen simple et rapide pour en gagner : la drogue. Il va se spécialiser dans le trafic d’ecstasy. C’est alors qu’intervient le ketchup qui va devenir un accessoire indispensable de sa panoplie de dealer ! Je vous laisse la surprise de découvrir quelle est son utilité ! Convaincu de sa réussite, Miki est prêt à tout pour réussir et pour se procurer la voiture de ses rêves. Il ne se remet jamais en question et campe toujours sur ses positions. Pourtant dans ce monde où il n’y a aucune morale et où tout est possible même les pires coups bas, Miki ne se rend pas compte qu’il va droit dans le mur ! […]Vivre dans ce quartier n'était pas facile. Miguel Hernàndez le savait, et voilà pourquoi il s'y était si bien adapté. Depuis qu'on l'avait renvoyé du collège à quinze ans, il traînait du bar à la place et de la place au bar, à y mener ses "affaires" et à chercher la bagarre. […] « Le Trainspotting catalan »À la façon d’Irvin Welsh, Xavier Gual nous décrit un univers sombre et angoissant dans lequel la drogue et la violence sont monnaie courante. Tel Mark Renton, Miki est une sorte d’anti-héros qui ne pourra finalement pas échapper à son destin. L’auteur dépeint ici les pérégrinations urbaines d’une jeunesse frustrée et perdue qui doit faire face à un monde hostile et souvent cruel ! Loin des clichés et des guides touristiques, Xavier Gual nous entraîne dans une Barcelone méconnue mais pourtant bien réelle.
Rapport Qualité / Prix :
Public Concerné :
Voici un roman qui s’adresse à tous ceux qui
ont envie de découvrir un auteur moderne et talentueux.
Les + L’écriture est dynamique et fluide. Xavier Gual joue habilement avec l’argot et la verve des jeunes d’aujourd’hui. Dès les premières lignes, on se laisse entraîner dans l’existence dénudée et dépourvue de sens de ces jeunes paumés. Xavier Gual nous dépeint les attentes et les frustrations d’une jeunesse perdue. Une histoire tragique, amère et sans espoir mais criante de vérité ! Voici une fable moderne et tragi-comique. À la lecture de ce roman, on sourit et pourtant l’on ne peut s’empêcher de se sentir mal à l’aise. Avec Ketchup, l’auteur tire une sonnette d’alarme et nous donne à voir un monde que l’on préfère parfois oublier ou croire disparu mais qui est pourtant bien réel encore aujourd’hui ! |
XAVIER GUAL / AU DIABLE VAUBERT, 2008