KETCHUP 

Les errances tragi-comiques de Miki et Sapo, anti-héros désoeuvrés dans les bas-fonds d'un désert urbain criant de vérité. Sous le burlesque pathétique des rencontres dans une Barcelone bien loin des clichés, se dessinent les attentes d'une génération abandonnée entre révolte et capitulation.

LA NOUVELLE VOIX DE LA LITÉRATURE CATALANE
Né en 1973 à Barcelone, diplômé de philologie catalane, journaliste et scénariste, Xavier Gual a obtenu le Premi de Narrativa Ribera d'Ebre, le Premi Marcè Rodoreda et le Premi Pere Quart d'Humor i satira. Ketchup est son second roman.

Extrait du livre : 

K. «La liberté n'existe pas. La vie ne t'offre que deux options : te fondre dans le troupeau ou mourir.» Voilà la maxime qui te traverse l'esprit quand tu as le couteau sous la gorge. On te prédit que tu ne tarderas pas à tomber, mais tu es né pour vivre dangereusement. «Te fondre dans le troupeau ou mourir...» Faire ses devoirs, finir ses études, chercher un travail décent... Ou vaut-il mieux vendre des cachets, conduire comme un malade et compter sur le petit numéro débile du «ketchup» ? Où est ton avenir ? Avec quelles cartes joues-tu ? Sur quel os risques-tu de tomber ? Ignorance et frustration, ou révolte sans cause ? Tu as deux options. Seulement deux.

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- Qu'est-ce qu'il y a, Miki ? Tu sens la lame du couteau un peu trop près de ton cou ?

Vivre dans ce quartier n'était pas facile. Miguel Hernàndez le savait, et voilà pourquoi il s'y était si bien adapté. Depuis qu'on l'avait renvoyé du collège à quinze ans, il traînait du bar à la place et de la place au bar, à y mener ses "affaires" et à chercher la bagarre. L'école est dans la rue, disait-il à Sapo, un ami au curriculum identique au sien. Miki, comme il préférait se faire appeler, était convaincu que les choses n'allaient pas si mal et que l'avenir lui sourirait. À dix-huit ans passés, avec son allure dégingandée et son crâne rasé, il avait deux buts dans l'existence: être le roi du quartier et conduire une voiture mortelle. Des motivations peut-être idiotes en apparence, mais elles représentaient pour lui les symboles de la réussite personnelle et les clés de voûte d'une façon d'être. Rien ne laissait prévoir, pourtant, que tout finirait comme ça, au bout du compte.

Le professeur a dit. Assez! Je suis fatigué. Pas seulement de toi, Miguel! De vous tous! Vous m'empoisonnez la vie et je ne vous suporte plus. Vous voyez, je peux tolérer bien des choses. Je peux avoir toute la patince du monde. Je peux vous expliquer les choses deux, trois et mille fois. Finalement, je peux passer l'année entière sans aller plus loin que la première leçon, si j'arrive grâce à ça à vous faire entrer quelque chose dans la tête. Le malheur, c'est que vous vous en tamponnez. Vous voulez être des ignorants. Alors très bien, en avant! Pour moi, vous pouvez rester des analphabètes fonctionnels toute votre vie.

Le gourou a dit. Qu'est-ce que la drogue? Voilà la grande question. Qu'est-ce que tu crois que c'est, réellement? Tu le sais? Je vais te le dire, petit Miguel. La drogue est quelque chose qui permet de se trouver soi-même, de découvrir les limites de la vie et d'atteindre les racines les plus profondes. L'union avec Dieu. La quatrième dimension. Le tout. Il y a une drogue pour chaque homme et un homme pour chaque drogue. Il y a aussi une dose d'autodestruction dans chaque drogue, et en chaque homme. Vous, ce sont les effets rapides qui vous intéressent. Â votre âge, vous avez besoin de résultats immédiats. Moi, en revanche, je préfère les substances qui me détendent et intensifient mes perceptions.

1. -Maintenant.
Ils ouvrent la porte d'un coup d'épaule, en faisant pas mal de bruit. Pourtant, personne ne les regarde, personne ne dit rien. Finalement assez contents de cette indifférence, ils gravissent l'escalier d'un pas décidé. Arrivés à l'étage, ils se retrouvent perdus dans une mer de bureaux. Ils inspectent la salle et localisent une paire de chaises libres qu'ils réquisitionnent rapidement.
-T'es sûr que c'est ici, Sapo?
-Laisse-moi faire.
-Ce genre de boulots, c'est sans moi, cousin.
Le Miki pose son casque de moto par terre.
-Quoi, tu veux pas gagner de blé?
-Grave que oui, mais j'ai pas besoin de traîner ici et de perdre mon temps comme un branleur.
Il fouille les poches de son survêt et en tire un paquet de cigarettes et un briquet, qu'il se met à tripoter nerveusement.
-Écoute, Sapo, en deux ou trois "ouiquindes", je peux gagner de quoi payer la première traite de la bagnole. Je vendrai un bon paquet de cachetons en discothèque et c'est fait. Allons-y.
-Mais t'as pas la moto? Il se gratte la tête.
-Si, mais je veux une bagnole pour faire chier cet enfoiré de Vinagre. Pour le faire chier, et pas qu'un peu, même.
-Ça serait pas plutôt que tu veux impressioner ta petite pute?
-Eh, connard! Répète ça et je te fais sauter les dents! crie Miki en lui envoyant une bourrade.
-Et toi, méfie-toi de moi. Tu sais comment a fini la vieille tantouze de la place, non?
-Oui. Quelqu'un lui a réglé son compte...
-Exact. Hier, dans la nuit. Des amis à moi.
-Ouais. Et qu'est-ce que ça a à voir avec le fait que tu m'insultes la Sandra?
-J'ai un couteau sur moi, cousin.
Intriguées, deux employées de bureau les regardent, tandis qu'une femme assise pas très loin en profite pour filer aux toilettes.

 

Ketchup ou la misère éducative du monde

Les impertinentes éditions Au diable vauvert ont eu la bonne idée de s’intéresser à la littérature catalane montante en publiant en français le second roman du barcelonais Xavier Gual. Avec “Ketchup”, ce journaliste et scénariste, par ailleurs diplômé de philologie catalane, nous livre un roman de la misère éducative agravée par un environnement urbain sans âme, entre centre commercial et discothèque. Roman théâtral mettant en scène une jeunesse défavorisée en proie à tous les extrêmismes engendrés par une société de consommation dévorante.

Les faits : le parcours de Miki, fraîchement majeur, dont la préoccupation première est d’amasser assez d’argent pour se payer la voiture de la frime en total tuning. Et fissa si possible autrement dit , en dealant.  Il est entouré de Sapo, son meilleur pote qui flirte avec des “esquinèdes” et de son insupportable petite amie Sandra accompagnée de son insupportable copine Lorena. L’objet de la survie indispensable : le portable, avec des dialogues au rendu aussi vivant qu’épuisant, façon “L’esquive”.

L’éditeur présente ce roman tragi-comique comme le “Trainspotting catalan” mais l’action pourrait se dérouler dans n’importe quelle autre grande ville que Barcelone, mondialisation oblige.

Ce que suggère d’entrée de jeu la couverture, une boule à neige “souvenir” représentant la Sagrada Familia, symbole du tourisme de masse, sur laquelle dégouline du ketchup, symbole de l’américanisation de masse, ne vous en dira pas plus sur la ville de Barcelone elle-même. Comme si face à cette standardisation subie, le goût et l’authencité des choses sombraient dans un anonymat transposable en tous lieux.
La géographie du roman nous apparaît davantage à travers les personnages allègrement caricaturés tel Vinagre, fils à papa désoeuvré de tout avoir déjà, que l’auteur fait parler en remplaçant systématiquement les r par des l, l’évocation des “guiris” d’Ibiza, et celle de la copine Sandra qui mange autant de “pipas” que Miki fume de cigarettes.
C’est là tout le piment de  Xavier Gual qui visiblement aime s’amuser et nous le communique : en jouant avec les clichés, en postulant pour une pluralité de sens et une pluralité de points de vues : c’est en effet sa réponse à ce qu’il dénonce, la standardisation des êtres, de leurs désirs, de leurs vies subies plus que choisies.

D’où la manière originale dont il a structuré son roman : deux parties égales,  Le Gagnant puis le Perdant,  à l’intérieur desquelles chaque chapitre déroulant l’action est introduit par un paragraphe en “voix off”, et suivi par un monologue mettant en scène une voix symbolique clé : se succèdent ainsi entre autres, selon la formule de “Jacques a dit”, les paroles du professeur, du gourou, du skinhead, de la star du porno, du jeu vidéo, de la mère, du flic, de l’étudiant…

Le nom complet de Miki est Miguel Hernandez, un patronyme très répandu en Espagne mais aussi un clin d’oeil au poète (dont il cite quelques vers en ouverture), fils de gardien de mouton, qui a dû abandonner l’école pour aider son père et qui a suivi des études littéraires en autodidacte alors que Miki vit en ville et a lâché ses études pour rien ni personne.

Enfin, le ketchup chez Xavier Gual est peut-être cette sauce uniformisant toutes les saveurs  mais c’est aussi le sachet que Miki garde dans sa poche pour deux raisons fort inattendues que je vous laisse découvrir par vous-même.
” et peut-être la vision du rouge qui se trouve à l’intérieur [du sachet] est seule capable de nous faire réagir à la vie”, ajoute l’auteur , hop encore un clin d’oeil!

Ce livre est “Pour les gens qui connaissent leur ignorance”.
Il se finit par l’Article 26, paragraphe 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Xavier Gual est un auteur malicieux qui maîtrise son histoire du début à la fin et qui arrive par cette tragi-comédie à signer un roman social engagé aussi drôle que pathétique. C’est ce qui donne tout son sel à ce roman que je conseille aux ados comme aux adultes.

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SUR UN AIR DE WELSH // Auteur catalan jeune et branché, Xavier Gual propose pour cette rentrée littéraire son deuxième roman, Ketchup. Façon Irvine Welsh, il y raconte les tribulations de deux petites frappes vouées à une vie minable, qui ont cependant décidés de s'enrichir...
Fort d'une mission dont la lettre de commande refuse obstinément de s'autodétruire, je vais tenter de venir à bout - sans me blesser cette fois - de la critique d'un livre intitulé Ketchup. Il est signé d'un jeune auteur Catalan, Xavier Gual. Né en 1973, celui-ci publie son second roman aux éditions du Diable Vauvert. Or, comme chacun le sait, le Diable Vauvert publie des auteurs que j'apprécie. C'est comme ça. On n'y peut rien. « Et ce livre ? » me demanderez-vous sur un ton agacé MAIS toujours poli (et vous faites bien, croyez-moi). Eh bien rassurez-vous, je vais y venir, ne soyez donc pas si impatients.

Un autre monde//. Première question, pourquoi ce titre ? Tout simplement parce que le Ketchup est un « produit artificiel et manufacturé qui, en plus d'être le symbole d'une domination du mode de vie américain, est une sauce qui dénature la nourriture et donne à tous les aliments un goût identique." Nous voilà prévenus, l'auteur a le palais altermondialiste.

L'histoire en quelques mots : Ketchup raconte l'histoire de Miki et Sapo, deux petites frappes qui s'amusent à terroriser les junkies et autres dealers en compagnie d'une bande de skinheads (altermondialiste ou nationaliste... ça se gâte tout à coup, je ne sais pas si je vais continuer cette chronique du coup). Né dans une banlieue sordide, Miki pense que « La vie n'offre que deux options : se fondre dans la masse ou mourir... ». Voulant échapper à un destin de merde pourri, il décide de quitter le chemin tout tracé qui devait le mener de l'école au cimetière, en passant par la case travail et, pour ce faire, de s'acheter une voiture. Seul problème, il lui faut de l'argent et il n'en a pas. Il ne lui reste donc qu'à recourir au trafic de drogue ou à devenir star du porno s'il en a les moyens...

"Miki, comme il préférait se faire appeler, était convaincu que les choses n'allaient pas si mal et que l'avenir lui sourirait. À dix-huit ans passés, avec son allure dégingandée et son crâne rasé, il avait deux buts dans l'existence : être le roi du quartier et conduire une voiture mortelle. Des motivations peut-être idiotes en apparence, mais elles représentaient pour lui les symboles de la réussite personnelle et les clés de voûte d'une façon d'être."

Droit dans le mur//. Sous ses faux-airs de Trainspotting mâtiné de Porno (également publié au Diable Vauvert en ce qui concerne ce dernier), Ketchup est un roman brutal, sans concession, mis à part celle qui consiste à voir de l'espoir là où il n'y en a pas. Enchaînant plusieurs points de vue (dont certains nauséabonds), l'auteur s'amuse à décrire le quotidien de deux êtres abjects jusque dans l'absurde. Violents, vulgaires, machos et frustrés, ils possèdent toutes les tares (même celle de s'habiller en survêtement !).

Un bémol toutefois, le côté « description clinique », présent dans les passages mettant en scène ces deux bras-cassés, a tendance à casser le rythme de la lecture (surtout lorsqu'il s'insinue au cœur même des dialogues). Mais l'auteur est aussi scénariste, nous apprend-on en quatrième de couverture, ceci expliquant sans doute cela. Quoi qu'il en soit, Ketchup est un roman rude, qui prend le lecteur par la main et le conduit là où s'en vont s'écraser ses deux héros, à savoir, droit dans le murJP Favard


Aunque bajo la tierra mi amante cuerpo esté...

Miki ne sait pas qui est Miguel Hernandez, et pourtant c'est son nom à lui aussi. Miguel Hernandez, c'est un poète espagnol, seul écrivain de la Génération de 27 à n’avoir pas reçu de formation académique, mort pendant la Guerre Civile à 31 ans. Et Miki, c'est comme ça qu'on appelle Miguel Hernandez, celui qui deale à Barcelone. La vie, il connaît, et ça ne risque pas d'être grâce à l'école, vu qu'il s'en est fait virer depuis un petit moment déjà. Les donneurs de leçons, ce n'est pas trop son genre, et le moins qu'on puisse dire c'est que lorsqu'on est un gamin de 18 ans qui veut simplement s'acheter une meilleure voiture que Vinagre et devenir le roi du quartier, il faut louvoyer vite et bien pour les éviter.
Suivre les conseils et rentrer dans le rang, ce serait la mort. Pourtant, Xavier Gual met les choses au clair dès les premiers mots : «La liberté n'existe pas. La vie ne t'offre que deux options : te fondre dans le troupeau ou mourir». Alors on voit mal comment Miki pourrait s'en sortir. À peine le temps de vivre à la va-vite, plutôt des coups de pieds donnés dans le vide pour pas rester le corps ballant ; d'ailleurs, à peine un chapitre de rebuffade est-il encaissé, que déjà monte, tonnante, la parole infinie, sans retour à la ligne, de tous les flics du plaisir, de tous ceux qui seraient prêts à tout pour faire couler sa vie à lui dans un sens donné. Et ils ont raison, évidemment. Et alors ?
Miki n'est pas dupe. Il voit Santiago, son compère de galère, plus connu sous le nom de Sapo (ce qui signifie en espagnol crapaud), se faire harponner peu à peu par les chants des sirènes de l'emploi, s'abaisser jusqu'à chercher du travail – quitte à montrer ses fesses et le reste pour mendier un salaire, jusqu'à fréquenter des «esquinèdes» parce qu'ils ont de la bière et des entrées pour le foot. Il le voit et il l'accompagne. En version minable. Il voit Sandra, sa copine, trop maquillée, se targuer d'indépendance parce qu'elle bosse comme caissière, repue de bonne conscience et toujours prête à lui laisser mettre la main à la poche, mais pas à la lui prendre dans la sienne. Il voit des tas de gens souffrir autour de lui, et continue ses affaires, à grand renfort de textos, d'avertissements virils, de proclamation de sa superbe.

Avec ce personnage dépassé et si lucide qu'il préfère ne penser qu'à la tête que feront les autres quand ils le verront passer dans la rue à toute allure, l'auto-radio poussé au maximum, X. Gual opère une plongée vertigineuse, amère, dans le monde sans espoir des enfants paumés à qui l´on a donné une carte d'électeur et avec ça l'injonction expresse de faire enfin quelque chose de leur existence. Ils sont incultes, se cachent derrière des rêves préfabriqués. En réalité, ils aimeraient peut-être vivre pour de bon, mais quand on vous a programmé pour la survie, vous finissez par vous moquer de tout et penser à la mort. Penser à elle comme à un paquet de ketchup écrasé sur un tee-shirt blanc, une mort façon fast-food parce qu'après tout la vitesse c'est encore ce qu'il y a de plus vrai, et tout le monde sait qu'un peu de speed ça aide à considérer les choses différemment.
C'est pour ça que le roman, écrit tout d'un souffle, se lit dans l'urgence. Les mots, parfois crûs - en fait plutôt dépourvus de tout apprêt, dénudés, que vraiment vulgaires -, redisent à la fois la fanfaronnade et la pauvreté de l'existence : une existence mise en scène, pour finir en beauté ou simplement pour camoufler le vide. On peut rire, s'indigner, mais il y a beaucoup de perdants et pas de gagnants dans cette histoire triste ; une parabole baroque et moderne sur la consolidation désespérante d'un monde même pas nouveau, et l'impossibilité de toucher le soleil quand on a dans les mains des armes forgées par les tenants de la médiocrité, quand on étouffe dans de faux choix, à ne pas savoir si c'est mieux d'être retenu ou éliminé dans les castings du grand spectacle. Disparaître de cette terre, ça devient alors une farce, une petite et ultime provocation lancée à la face de ceux qui auraient voulu plus de sérieux.
Ah, et au fait, en 1942, Miguel Hernandez n'a pas été fusillé par les franquistes. Il est mort de la tuberculose dans leurs geôles, après avoir écrit des poèmes sublimes à sa femme, qu'il trompait assez abondamment.
Aurore Lesage


ROLLING STONE (septembre 2008)
Miguel "Miki" Hernàndez et Santiago Poveda Garcia n'ont pas vingt ans, et ce sont des teignes... Lâchés dans Barcelone avec un seul credo ("La clé, c'est la practique de la terreur") les deux esprits cramés décident que dealers, Noirs, Arabes, junkies et travestis incarnent tout ce qui les empêche d'être les pois de la rue. Alors, victimes du grand vide des temps modernes et coupables de n'y rien changer, ils zonent, dealent marijuana et ecstasy, et accumulent les frasques. H.A.

Ketchup

Depuis quelques années déjà, Xavier Gual anime la scène littéraire espagnole. Avec son deuxième roman, Ketchup, traduit en français aux éditions du diable vauvert, vous allez découvrir un auteur détonnant qui ne devrait pas tarder à faire parler de lui en France.

Ketchup raconte l’histoire de Miguel Hernàndez dit « Miki » et de son acolyte Sapo. Nés dans une banlieue sordide de Barcelone, les deux jeunes s’occupent en traînant sur la place, au bar ou en jouant aux jeux vidéos. Quand il est d’humeur, Miki emmène Sandra, sa petite amie au cinéma ou en boîte de nuit. Quant à Sapo, il fréquente une bande de skinheads aux tendances nazies qui s’amusent en cognant des drogués, des homosexuels ou encore des travestis. Bienvenue dans le monde désenchanté de Miki et de Sapo !

Vous l’aurez compris, ces deux jeunes ados sont loin d’être des élèves brillants et studieux. À quoi bon aller à l’école puisque ça ne sert à rien et l’on y apprend pas grand chose. Miki s’est donc fait virer. Il a des préoccupations beaucoup plus importantes comme devenir le roi du quartier ou s’acheter une voiture. Toutefois, sans argent pas de voiture! Miki trouve donc un moyen simple et rapide pour en gagner : la drogue. Il va se spécialiser dans le trafic d’ecstasy. C’est alors qu’intervient le ketchup qui va devenir un accessoire indispensable de sa panoplie de dealer ! Je vous laisse la surprise de découvrir quelle est son utilité !

Convaincu de sa réussite, Miki est prêt à tout pour réussir et pour se procurer la voiture de ses rêves. Il ne se remet jamais en question et campe toujours sur ses positions. Pourtant dans ce monde où il n’y a aucune morale et où tout est possible même les pires coups bas, Miki ne se rend pas compte qu’il va droit dans le mur !

[…]Vivre dans ce quartier n'était pas facile. Miguel Hernàndez le savait, et voilà pourquoi il s'y était si bien adapté. Depuis qu'on l'avait renvoyé du collège à quinze ans, il traînait du bar à la place et de la place au bar, à y mener ses "affaires" et à chercher la bagarre. […]

« Le Trainspotting catalan »

À la façon d’Irvin Welsh, Xavier Gual nous décrit un univers sombre et angoissant dans lequel la drogue et la violence sont monnaie courante. Tel Mark Renton, Miki est une sorte d’anti-héros qui ne pourra finalement pas échapper à son destin.

L’auteur dépeint ici les pérégrinations urbaines d’une jeunesse frustrée et perdue qui doit faire face à un monde hostile et souvent cruel ! Loin des clichés et des guides touristiques, Xavier Gual nous entraîne dans une Barcelone méconnue mais pourtant bien réelle.

Rapport Qualité / Prix :
Public Concerné :
Voici un roman qui s’adresse à tous ceux qui ont envie de découvrir un auteur moderne et talentueux.

Les +
+L’écriture est dynamique et fluide. Xavier Gual joue habilement avec l’argot et la verve des jeunes d’aujourd’hui. Dès les premières lignes, on se laisse entraîner dans l’existence dénudée et dépourvue de sens de ces jeunes paumés.
+Xavier Gual nous dépeint les attentes et les frustrations d’une jeunesse perdue. Une histoire tragique, amère et sans espoir mais criante de vérité !
+Voici une fable moderne et tragi-comique. À la lecture de ce roman, on sourit et pourtant l’on ne peut s’empêcher de se sentir mal à l’aise. Avec Ketchup, l’auteur tire une sonnette d’alarme et nous donne à voir un monde que l’on préfère parfois oublier ou croire disparu mais qui est pourtant bien réel encore aujourd’hui !

XAVIER GUAL / AU DIABLE VAUBERT, 2008